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Globe-trotter des marchés

C. URVOY

Benoit Boullet, 45 ans, est directeur de Vivescia Marchés, à Reims, après avoir négocié des matières premières agricoles en Europe et en Afrique.

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Depuis son BTS Commerce international, l'export est le fil conducteur du parcours professionnel de Benoit Boullet. « J'ai une grande affinité pour les langues. » Il en parle sept : anglais, allemand, espagnol, polonais, néerlandais, russe et italien. Après avoir travaillé quelque temps en chambre de commerce, puis dans un négoce d'acier en France, Benoit Boullet a enfin l'opportunité de partir en Pologne chez un négociant de cacao et de café. Au bout de six mois, le dirigeant l'envoie en Côte d'Ivoire (Abidjan) pour mettre en place et développer un bureau avec une équipe de trois personnes. « C'était un gros challenge à relever : tout était à construire et c'est ce qui m'intéressait. L'idée était de s'approvisionner très en amont de la filière, auprès des agriculteurs ou des négociants, pour expédier le cacao et le café vers l'Europe du Nord. » Six ans après, il part au Togo pour réaliser la même opération. Mais en 2006, fatigué par le climat de guerre civile, Benoit Boullet rentre en France.

Il décide alors de reprendre ses études pour obtenir un Master d'achat et de négoce international. « Je voulais formaliser les connaissances apprises sur le tas et approfondir ce que je faisais déjà. Et après ma période africaine un peu mouvementée, c'est aussi un moyen de me poser, de repartir sur de bonnes bases. » Son Master en poche, il travaille un an dans l'industrie pharmaceutique chez Servier, en Irlande. « Mais quand on a connu la volatilité des marchés des matières premières agricoles, ce secteur paraît bien peu actif. » Contacté en 2008 par un recruteur pour un poste de trader chez Cefetra aux Pays-Bas, il saisit l'occasion et repart à l'étranger en tant que responsable du négoce des coproduits de l'industrie du blé et du maïs. Trois ans plus tard, il prend la responsabilité des achats et revente de ces coproduits pour la France tout en restant à Rotterdam. « Nous sommes partis de zéro et on a bien développé le marché. »

Retour en France

En 2014, un recruteur lui propose le poste de directeur de Vivescia Marchés. « J'ai accepté car on restait dans le négoce de matières premières agricoles mais plutôt du côté financier. » Mais Benoit Boullet a dû s'adapter aux pratiques françaises ! « J'avais l'impression d'être un étranger dans mon pays. C'était beaucoup plus simple dans les pays où j'avais travaillé avant ! Deux grandes missions pour lui. « Avec mes deux collaborateurs, je suis le courtier interne des entreprises du groupe pour l'accès aux marchés financiers. Cela permet de centraliser le risque et d'avoir un effet de compensation interne entre les entreprises qui vendent et celles qui achètent la même matière première. » Deuxième mission : fournir des produits de gestion du risque prix aux différentes entités du groupe. « Je les accompagne aussi dans l'utilisation de ces outils via des conseils par téléphone ou des projets plus conséquents. » Benoit Boullet vient ainsi d'élaborer un référentiel commun des bonnes pratiques de gestion du risque prix. « Ce qui me plaît c'est d'être au service des entreprises pour solutionner des problématiques complexes, de les accompagner pour améliorer leur vision des marchés. Nous voyons déjà des progrès et c'est très gratifiant. » Pour Benoit Boullet, c'est un métier d'avenir car la volatilité des matières premières agricoles ne s'arrêtera pas de sitôt. Quant à travailler à l'étranger, cela ne lui manque pas. « Mais si le groupe me propose une opportunité dans un de ses sites étrangers, pourquoi pas ! »

Chantal Urvoy

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